le 24/07/2021
FOCUS 2
MISE EN ŒUVRE DE LA MODIFICATION DU CONTRAT DE TRAVAIL TRAVAIL
A/
Procédure de droit commun de la modification du contrat de travail
Aucune procédure particulière n’est prévue au Code du Travail sauf si
la modification a une cause économique ou qu’elle résulte d’un accord
de performance collective. Dans ce cas, un certain formalisme doit
être respecté.
1/ Sur proposition de l ‘employeur
par oral ou écrit.
- Il est préférable que cette demande se fasse par écrit (preuve)
- Pour le motif disciplinaire, un écrit est exigé. Notification de
la sanction par la modification du contrat de travail
2/ Si la modification du
contrat de travail est acceptée par le salarié
- Elle devra faire l’objet d’un avenant au contrat de travail
- Le salarié dispose d’un délai raisonnable de réflexion. A défaut,
manquement à la bonne foi contractuelle de la part de l’employeur.
- L’employeur ne peut obliger le salarié à accepter la modification
de son contrat de travail ni à signer sur le champ (vice du
consentement pouvant entrainer l’invalidité de l’avenant devant les
juges)
- Le salarié doit être informé par l’employeur de sa faculté de
refuser cette proposition
3/ Le silence du salarié ne vaut pas acceptation
- L’accord du salarié doit être absolument requis, que ce soit pour
une sanction disciplinaire (déclassement) ou une inaptitude
physique.
- L’accord du salarié doit être exprès, clair et exempt de vice du
consentement, il doit être libre, éclairé et complet. Le salarié ne
doit pas avoir été forcé de signer sur le champ sans délai de
réflexion et il doit avoir été informé de toutes les modalités et
conséquences de la modification de son contrat de travail.
- L’accord se matérialise par la signature d’un avenant qui peut
prendre la forme de tout document, comme un mail par exemple. Il ne
porte pas forcément la mention « avenant ».
4/ L’absence d’accord du salarié sera nécessairement assimilée à un
refus
Une fois l’avenant signé, aucun délai de rétractation n’est prévu et
il faudra refaire la procédure pour demander la modification du
contrat de travail à l’employeur.
B/
Procédure spécifique de la modification du contrat de travail
1/ En cas de motif économique
- Proposition écrite de l’employeur par LR/AR avec information du
délai de réflexion au salarié -Le salarié dispose d’un mois de
réflexion (15 jours en cas de procédure collective) à compter de la
réception effective et non de la première présentation du recommandé
de la lettre pour refuser expressément (par écrit) la modification
- Le délai de réflexion ne peut être inférieur à ce délai de 15
jours et la procédure ne peut être mise en place avant la fin de ce
délai.
- En l’absence de refus exprès du salarié dans le délai imparti : La
modification du contrat de travail peut être mise en œuvre En cas de
refus exprès du salarié, l’employeur ne peut procéder à la
modification mais peut engager une procédure de licenciement pour
motif économique Le silence du salarié vaut acceptation sauf réponse
ambiguë qui vaut refus.
- En cas de refus de la modification du contrat de travail par le
salarié : L’employeur a deux possibilités :
- Soit décider de continuer le contrat aux conditions antérieures
- Soit engager une procédure de licenciement pour motif économique
NB : Cette procédure ne s’applique pas en cas de proposition de
reclassement s’inscrivant dans une procédure de licenciement pour
motif économique
2/ En cas d’accord de performance collective
Ordonnances dites « Macron », article L2254-2 code du travail
- Ce type d’accord peut modifier le contrat de travail sur ses
éléments essentiels suivants : durée du travail, rémunération,
mobilité professionnelle ou géographique et l’emportent sur les
clauses du contrat de travail
- Le salarié dispose d’un mois de réflexion (voire plus selon
l’accord) pour faire connaître son refus par écrit à compter de la
date à laquelle l’employeur a informé les salariés, par tout moyen
(information collective), de l’existence et du contenu de l’accord
et du droit de refuser son application au contrat de travail
- Le silence du salarié vaut acceptation de la modification du
contrat de travail qui s’applique alors de plein droit
-L ’employeur dispose d’un délai de deux mois à compter de la
notification du refus du salarié pour engager une procédure de
licenciement pour cause réelle et sérieuse, la poursuite du contrat
de travail paraissant peu probable en cas d’accord collectif de
performance.
A ce
stade, nous ne disposons pas de suffisamment de recul pour en juger
(attente jugements de cassation).
3/ Les conséquences du refus du salarié
Refus
légitime
La relation de travail peut se poursuivre aux conditions antérieures
L’employeur peut mettre en place un licenciement pour cause réelle
et sérieuse (à voir selon la raison invoquée)
- Si la modification du contrat de travail a été proposée pour
sanction disciplinaire, convocation, entretien, délais à respecter
(article L1332-1 et suivants et R1332-1 et suivants du code du
travail)
- Si la modification du contrat de travail résulte d’un motif
personnel mais non disciplinaire, c’est un licenciement pour motif
personnel (article L1232-1 et suivants et R1232-1 et suivants du code
du travail)
-Si la modification du contrat de travail résulte d’un motif non
inhérent à la personne du salarié, le licenciement est un licenciement
pour motif économique.
L’employeur doit rechercher un
reclassement, proposer le contrat de sécurisation professionnelle,
informer la DRIEETS et mettre en place éventuellement un plan de
sauvegarde de l’emploi. Le préavis de licenciement doit être exécuté
aux conditions antérieures.
Refus
illégitime d’un simple changement de conditions de travail
Le salarié peut être sanctionné et même licencié par l’employeur
éventuellement pour faute grave le privant de ses indemnités de
rupture (refus de se soumettre au pouvoir de subordination de
l’employeur)
La cause du licenciement devra être définie par le motif de la
modification refusée Les juges doivent apprécier souverainement si le
motif de modification constitue ou non une cause réelle et sérieuse de
licenciement
En cas de renoncement par l’employeur
de la modification du contrat de travail, celui-ci se poursuit aux
conditions antérieures L’employeur ne peut imposer au salarié une
modification unilatérale de son contrat de travail et la poursuite de
la relation de travail
Recours du salarié
- Résiliation judiciaire du contrat de travail aux torts de
l’employeur lorsque le manquement est suffisamment grave
- Prise d’acte de la rupture du contrat de travail si reconnue par les
juges, ce qui conduira à un licenciement pour cause réelle et sérieuse
Si la prise d’acte de la rupture du contrat de travail n’est pas
reconnue, elle sera qualifiée de démission.
Envie
de faire changer les choses ???